C’est pour moi un réel plaisir de vous accueillir à l’occasion de cette 14e session ordinaire du Comité de Pilotage du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC) qui, comme les quatre sessions précédentes, se tient dans le contexte particulier de la pandémie de la COVID-19 qui perdure.
Ce plaisir est d’autant plus justifié que c’est la toute première réunion du Comité de Pilotage du PREF-CEMAC qui se tient en présentiel depuis la survenance de cette pandémie. C’est aussi l’occasion pour moi de faire mon entrée dans cette auguste assemblée en qualité de nouveau Président de ce Comité.
Je voudrais particulièrement rendre un vibrant hommage à son Excellence Monsieur le Ministre d’État Gilbert ONDONGO, pour son engagement personnel et sa détermination à faire avancer notre sous-région, puisqu’il a veillé avec minutie et éfficacité au suivi des mesures prises par le COPIL.
Depuis la mise en œuvre de ce Programme, nous avons enregistré une mobilisation constante des autorisations de la sous-région dans le cadre du Comité de Pilotage. Je souhaite que cette mobilisation soit plus accentuée dans cette seconde phase de la mise en œuvre de notre Programme des Réformes Economiques et Financières.
A cet effet, je me réjouis de notre forte mobilisation malgré le contexte marqué par la COVID-19 et la distanciation sociale qu’elle a entrainée, qui montre à dessein nos volontés communes et renouvelées de bâtir notre communauté.
La mise en œuvre du PREF-CEMAC sur la période 2017-2020 a donné des résultats qui ont eu un impact positif sur le redressement de nos économies. Sans être exhaustif, je peux citer : l'amélioration de la qualité de la dépense publique dans les États ;
l'élargissement de l'assiette fiscale ;
la reconstitution du niveau des réserves de change ;
le dialogue avec les principales sociétés exploitant les ressources naturelles dans la zone CEMAC en vue du rapatriement des recettes d'exportation ;
l’organisation de la Table Ronde tenue les 16 et 17 novembre 2020 à Paris pour la mobilisation des financements des projets intégrateurs ;
la fusion effective des deux marchés financiers de la sous-région ;
la mise en œuvre effective de la libre circulation des personnes et des biens ainsi que l'application des programmes économiques et financiers soutenus par le FMI pour plusieurs pays de la sous-région.
De nouvelles situations de crise qui sont liées notamment à la pandémie de COVID-19 et à une nouvelle chute des cours du pétrole, sont malheureusement apparues en 2020 avec pour conséquence de mettre davantage à l’épreuve les équilibres fragiles des économies nationales qui sortaient à peine d’une précédente crise.
En effet, les conséquences économiques et financières de la COVID-19 sur les économies de la CEMAC ont été marquées par une détérioration des conditions de vie des populations, une accentuation des déficits budgétaires, une baisse des financements extérieurs, une fragilisation de la stabilité externe et financière, et un risque de montée des tensions inflationnistes.
Au plan économique, la CEMAC a connu une récession de -1,7 % en 2020 contre une croissance initialement prévue de 3,3 %, avant la survenance de la pandémie.
Au plan budgétaire, les mesures destinées à soutenir le secteur de la santé et les secteurs économiques les plus touchés par la crise, ont accentué le déficit budgétaire qui s’est établi à -2,0 % du PIB contre un excédent de 0,9 % initialement escompté.
Au plan monétaire, les tirages effectués dans le cadre des facilités d’urgence pour lutter contre la COVID-19 et le recours accru au marché des titres publics ont entrainé une expansion de 42,7 % des créances nettes du système monétaire sur les États de la CEMAC. Néanmoins, les mesures d’assouplissement prises par la BEAC ont eu une incidence favorable sur les refinancements des banques et se sont traduites par une augmentation des crédits à l’économie de 5 %, passant de 7 815,4 milliards de FCFA à 8 211,9 milliards de FCFA sur la même période.
Face à la situation d’urgence de crise sanitaire de la COVID-19 les Chefs d’État ont convoqué à Brazzaville une Session Extraordinaire du COPIL du PREF-CEMAC le 28 mars 2020 au cours de laquelle les membres de ce Comité ont pris des mesures urgentes principalement sur les plans budgétaire, monétaire et sur le système financier afin de contenir les effets néfastes induits par cette pandémie.
La mise en œuvre de ces mesures par chacune des parties prenantes a permis de limiter à quelques égards les effets de la crise.
Cependant compte tenu de l’ampleur de la crise sanitaire et de la détérioration continue de la situation macroéconomique en 2020, le COPIL du PREF-CEMAC a adopté un Plan de relance communautaire 2021-2025 pour soutenir les actions individuelles des États membres en faveur de la relance de leurs économies. Ce plan s’articule autour de trois axes principaux à savoir :
i) les mesures exceptionnelles de riposte compte tenu de la situation d’urgence inédite et exceptionnelle créée par la pandémie de la COVID-19 ;
ii) les mesures déjà inscrites dans le PREF-CEMAC dont les modalités d’application devront être revues et leur mise en œuvre accélérée ; et enfin,
iii) de nouvelles mesures fortes pour donner un nouvel élan au développement économique et social des pays de la CEMAC.
C’est dans ce contexte de crise que les Accords conclus entre les pays de la CEMAC et le FMI suite à la crise née de la forte chute des prix du pétrole en 2014, sont presques tous arrivés à échéance.
Bien que les objectifs poursuivis dans le cadre de ces programmes en matière d’ajustement budgétaire et externe aient été globalement atteints, les résultats en matière de croissance inclusive et d’allègement de la dette sont restés en deçà des attentes. Il s'est donc avéré nécessaire de prendre en compte les aspects liés à la croissance, au développement et à la transformation structurelle des économies de la CEMAC dans les nouveaux Accords avec les Partenaires Techniques et Financiers. C’est pourquoi le COPIL du PREF-CEMAC a adopté lors de sa onzième session ordinaire tenu le 03 août 2020, un cadre stratégique pour la négociation des accords de seconde génération des pays de la CEMAC avec les Partenaires Techniques et Financiers internationaux.
Compte tenu de tous ces nouveaux défis et du fait de l’accentuation des risques entourant les perspectives macroéconomiques à cours et à moyen termes de la sous-région, le COPIL du PREF-CEMAC a adopté le 15 avril 2021, lors de sa treizième session ordinaire, un Document-cadre révisé en vue d’engager la deuxième phase du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC pour la période 2021-2025.
Ce document renforce les actions en cours de réalisation et reconduit celles qui n’ont pas été réalisées au cours de la période 2017-2020 sur les politiques budgétaires, la politique monétaire et le système financier, les réformes structurelles, l’intégration régionale et la coopération internationale. Il prend également en compte les questions relatives au nouveau cadre stratégique des Accords de seconde génération avec le FMI et au Plan Communautaire de Relance Économique post-COVID-19 des pays de la CEMAC. Enfin, le document tient compte des réformes structurelles proposées par le FMI et la Banque Mondiale qui ont fait l’objet d’un large consensus.
Les mesures de redressement des économies de la CEMAC préconisées par le Copil du PREF-CEMAC sur proposition des experts de la Commission de la CEMAC, de la BEAC, de la BDEAC et du PREF-CEMAC, ainsi que les principales actions relatives aux politiques et réformes budgétaires, à la politique monétaire et au système financier, à l’accélération des réformes structurelles, au renforcement de l’intégration régionale et à l’intensification de la coopération internationale sont présentées et analysées dans la matrice des actions du PREF-CEMAC pour la période 2021-2025 contenue dans le Document-Cadre révisé. Cette matrice des actions de la deuxième phase du PREF précise les actions ciblées devant être menées, les critères de réalisation, le degré de priorisation de chaque action et les indicateurs de performance.
Pour accélérer la relance des économies de la CEMAC et les placer sur une trajectoire de croissance économique durable, inclusive et créatrice d’emplois, les États et les Institutions communautaires ont défini des stratégies sous-régionales de mobilisation des ressources extérieures et de réduction de la dette.
Les éléments d’une stratégie sous-régionale pour la mobilisation de ressources extérieures et le traitement de la dette des États de la communauté ont été esquissés lors de la Session extraordinaire du COPIL du 28 mars 2020. Ils ont été complétés et affinés dans le Cadre Stratégique pour les Accords de seconde génération avec les Partenaires Techniques et Financiers internationaux ainsi que dans le Plan Communautaire de Relance économique post-COVID 19 de la CEMAC.
Il convient enfin de relever les progrès réalisés dans le suivi du processus de mise en œuvre des onze projets intégrateurs par le COPIL du PREF-CEMAC, dont deux sont déjà en phase de démarrage, moins d’un an après la tenue de la Table Ronde de Paris.
L’instruction des deux autres projets sera achevée en décembre 2021 et après l’adoption du rapport final d’évaluation par les conseils d’administration respectifs de la BAD, de la BDEAC et de AFREXIM BANK, le processus de décaissement sera enclenché et ces deux autres projets démarreront en 2022. De même, le processus de restructuration de 03 projets en mode PPP est fortement engagé avec le soutien des bailleurs et des investisseurs privés. Enfin, d'importantes avancées ont été réalisées dans le processus de restructuration du corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-N'djamena notamment avec la réalisation en juillet 2021 d'une mission d'évaluation conjointe BAD-BDEAC.
La présente session est la première que nous tenons dans le cadre de la deuxième phase du PREF-CEMAC. Les résultats obtenus dans la première séquence témoignent à suffisance que l’union et la volonté politiques sont les clés du succès pour le développement de notre sous-région.
Nous devons donc dans cette seconde étape de la mise en œuvre des actions de la matrice du PREF-CEMAC, redoubler d’efforts afin que les objectifs et le cap fixés par nos Chefs d’État à l’occasion des Sommets Extraordinaires de 2016 et de 2019, soient effectivement atteints avec un taux de croissance économique en termes réels progressant significativement à l’horizon 2025.
Nous aurons à examiner au cours de nos travaux les points relatifs:
(i) à la synthèse des travaux de la Cellule de Suivi; (
ii) à l’état de mise en œuvre des décisions et recommandations du COPIL ;
(iii) au rapport sur l’état d’avancement de la mise en œuvre du PREF-CEMAC et des mesures de relance post-COVID 19 des économies de la CEMAC ;
(iv) au point sur l’opérationnalisation du marché financier unifié ;
(v) et enfin au suivi par pilier du PREF-CEMAC.
Je ne saurais terminer mon propos sans adresser mes chaleureuses félicitations et ma profonde gratitude à l’endroit de Monsieur le Secrétaire Permanent du PREF-CEMAC, le Pr DJIENA WEMBOU Michel Cyr ainsi qu’à toute son équipe, pour le travail de qualité qu’ils ont abattu et les documents mis à notre disposition pour la tenue de ces assises.
Je voudrais enfin remercier chaleureusement chacun d’entre vous pour cette mobilisation exceptionnelle qui témoigne éloquemment de notre ferme volonté de mutualiser nos efforts pour faire face aux multiples défis qui nous interpellent.
C’est sur cette note d’espoir que je déclare ouverts les travaux de la 14ème Session ordianire du Comité de Pilotage du PREF-CEMAC.